🪶 Simon Le Brun (vers 1645 – après 1715)
Maître chirurgien et officier de la Maison de Madame la Dauphine
Dans l’ombre des médecins de Cour, ils soignaient les plaies, réduisaient les fractures, saignaient les corps et calmaient les douleurs. On les appelait "les mains de la médecine". Simon Le Brun était l’un d’eux.
👶 Une naissance dans le siècle de Louis XIII
Simon Le Brun naît probablement vers 1645, dans un royaume encore marqué par les dernières guerres de religion et les débuts du règne de Louis XIV. On ignore encore son lieu de naissance, mais il appartient très tôt à un monde à part : celui des praticiens du corps.
Dans une société où les chirurgiens sont encore confondus avec les barbiers, Simon suit une voie exigeante. Il apprend, sans doute adolescent, chez un maître, le métier dur et manuel de chirurgien : tailler, panser, ouvrir, recoudre. Un art brut, mais vital.
⚖️ Le titre de maître
Vers 1699, Simon est reconnu comme maître chirurgien. Ce titre n’est pas anodin : il atteste d’une formation complète, validée par une communauté jurée, qui lui donne le droit d’exercer librement, de former à son tour des apprentis et de signer de son nom.
À cette époque, la profession cherche à gagner en légitimité face aux médecins de faculté, qui la regardent de haut. Mais Simon avance. Il soigne, il opère. Il bâtit sa réputation dans un monde où les épidémies, les plaies de guerre et les maladies infectieuses sont le quotidien des vivants.
👨👧 Un père bien établi
Vers 1665, sa fille Jeanne voit le jour. Elle grandit dans un foyer lettré, car sa mère, Louise Dyo (ou Dyon ?), sait elle aussi signer. La jeune Jeanne se marie en 1688 à Meulan, avec Jean-Nicolas Racine, huissier royal. Ce mariage illustre bien le statut social confortable acquis par Simon : ses enfants entrent dans le monde des officiers du roi.
👑 L’entrée à la Cour
Mais c’est au début du XVIIIe siècle que la carrière de Simon atteint son sommet. Un document d’époque, retrouvé dans les fonds de la Bibliothèque nationale de France, nous apprend qu’il est alors chirurgien attaché à l’écurie de Madame la Dauphine, épouse du petit-fils de Louis XIV.
Et plus encore : Simon Le Brun détient les deux charges de chirurgien prévues dans la Maison. Une marque de confiance exceptionnelle, qui le place au cœur de la Cour. Il soigne les blessés, suit les campagnes, veille à la santé de l'entourage royal. Il porte livrée, touche une pension, et signe peut-être des ordonnances à Versailles ou à Meudon.
🏛 Un homme du tournant
Simon Le Brun meurt après 1715, probablement à un âge avancé. Il a vu sa profession se transformer. De simple artisan du bistouri, le chirurgien devient, peu à peu, un homme de science. La création prochaine de l’Académie royale de chirurgie, en 1731, parachèvera cette métamorphose.
Simon, lui, aura incarné cette génération charnière. Ni tout à fait médecin, ni tout à fait artisan, il fut un homme de terrain, de gestes sûrs et de savoirs pratiques, au service des corps… et parfois des puissants.

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