Accéder au contenu principal

Christophe et Benoit KEISER - XVIIè

 





🪵 Christophorus et Benoît Keiser : des vies au travail, dans l’ombre de l’abbaye

À la fin du XVIIe siècle, alors que l’Europe se remet lentement des ravages de la guerre de Trente Ans, le village d’Ebersmunster, niché au cœur du Ried alsacien, retrouve son souffle sous la vigilance de son imposante abbaye bénédictine. C’est là que s’enracine l’histoire de Christophorus Keiser, homme de labeur, et de son fils Benoît, qui perpétuera ce lien au sol et à la pierre.

👨‍🌾 Christophorus Keiser, laboureur et serviteur du monastère

Le 27 mai 1686, Christophorus Keiser, décrit comme un “honestus juvenis agricola” (jeune laboureur honnête), épouse Anna Magdalena Christmann, fille d’un jardinier décédé. Le mariage est célébré à Ebersmunster, dans la toute nouvelle église paroissiale, reflet du renouveau religieux et social de la région.

À cette époque, Christophorus travaille la terre, sans doute dans les domaines agricoles appartenant à l’abbaye. Plus tard, un acte de décès de 1708 nous le désigne comme famulus Monii : domestique du monastère, c’est-à-dire homme à tout faire du cloître, chargé des tâches que les moines ne pouvaient accomplir eux-mêmes : cultures, entretien, surveillance, livraisons… Une fonction modeste mais centrale dans l’économie quotidienne d’un site religieux aussi important.

Il décède le 2 septembre 1708, entouré de membres du clergé et de notables du village, preuve que sa place dans la communauté était reconnue. Il a reçu les derniers sacrements et est inhumé à Ebersmunster, non loin de l’abbaye où il a sans doute passé la plus grande partie de sa vie.

🧱 Benoît Keiser, le bâtisseur d’un nouveau monde

Parmi les enfants de Christophorus, Benoît, né en 1691, prend une autre voie, tout aussi enracinée dans la matérialité du monde : il devient maçon. Ce choix n’est pas anodin. Dans une région marquée par les destructions passées et les reconstructions en cours, les compétences des maçons sont précieuses. L’abbaye d’Ebersmunster elle-même s’apprête à entrer dans une phase de reconstruction baroque, et le village tout entier se transforme.

Le 21 août 1713, Benoît épouse Magdalena Rothenpflug, elle aussi issue du village. L’union est célébrée dans l’église paroissiale d’Ebersmunster, avec comme témoin un autre famulus du monastère — signe que Benoît reste étroitement lié à cet environnement religieux et professionnel.

Le couple s’installe ensuite à Sermersheim, à une quinzaine de kilomètres. Là, le 21 septembre 1714, naît leur fille Anna Catharina. On peut imaginer Benoît travaillant à reconstruire ou entretenir les maisons du village, les murs, les fermes… bâtissant pierre après pierre le cadre de vie de la nouvelle génération.


🧭 Une transmission silencieuse

Christophorus le laboureur a servi les terres de l’abbaye, les moines et la communauté. Benoît, son fils, a élevé les murs, consolidé les maisons, porté sur ses épaules l’avenir d’un monde rural en mutation. Tous deux ont vécu dans l’ombre bienveillante (et parfois pesante) de l’abbaye d’Ebersmunster, pivot économique, spirituel et social de leur existence.

Leur histoire est celle, discrète et digne, de ces hommes de la terre et de la pierre, sans lesquels aucune abbaye, aucune paroisse, aucun village ne tiendrait debout.

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Catherine Joseph LAISNE (1792- ) - abandon et retrouvailles

Catherine Joseph “SAMOS” (1792) : l’enfant trouvée qui révèle les débuts tourmentés de la famille Laisné Une enquête généalogique entre abandon, secret, amour et reconstruction — de Lille à Gaillon-sur-Montcient 🔎 1. Avant tout : mon ancêtre est Julie Adélaïde Mon ancêtre directe n’est pas Catherine Joseph, mais sa sœur cadette : 👉 Julie Adélaïde LAISNÉ , née le 9 mai 1795 , à Gaillon-sur-Montcient . Mais l’histoire de sa sœur aînée — Catherine Joseph “SAMOS” , née en 1792 — est essentielle pour comprendre comment et dans quelles conditions ses parents ont fondé leur famille . Catherine n’est pas mon ancêtre, mais elle explique le passé qui a rendu possible la naissance de la mienne . 2. 📜 Le choc de départ : un mariage, un nom étrange Tout commence dans l’acte de mariage du 26 mars 1816 à Meulan. Catherine Joseph Laisné ... fille naturelle née sous les prénom et nom de Catherine Joseph  Samos , et par eux légitimée...   “ Samos ” ? Un mot qui n’appartient à aucune li...

Jeanne Albertine HENRY

Mon arrière grand-mère. C'est elle que j'ai voulu connaître en commençant ma généalogie. Elle habitait Vaux sur Seine, était catholique pratiquante et n'attendait qu'une chose, retrouver les siens auprès de Dieu... En tout cas, elle a supporté toutes les épreuves de la vie gràce à cela. Elle est née en 1890 à Soindres (78) et est décédée en 1988 à Meulan (78). Elle a eu 6 enfants, le premier ayant été légitimé lors du mariage de ses parents à ses un an. Elle s'est mariée avec Louis Martin FISCHER. Jean François Henry (1820-) et Marie Hélène Bailly (1823-), ses grands-parents paternel, s'installent dans les Yvelines. Marie est née en Eure et Loire et Jean François est né à Cohiniac un village dans les Côtes d'Armor. Les ascendants du père de Jean François sont tous issus des Côtes d'Armor au 17è siècle : Cohiniac pour les LE VICOMTE, DOMALEN (plusieurs variantes), HENRY, LOHIER, THOMAS, LE QUERE, GIRIQUEL, LE MEHAUTE, LE BELLEGO ; Plouvara p...

les BRIGNATZ, BRISCHNATZ

Il s'agit de Joséphine Jeanne BRIGNATZ née en 1881 à Alger, de sa belle-mère et de ses enfants. Le père de Joséphine est né à Colmar (68) et est parti à Alger (quand ?) où il y était employé aux chemins de fer. Télésphore, le grand-père de Joséphine, était né à Marckolsheim (67) de père inconnu. Son grand-père à lui, Jean BRISCHNATZ était préposé des douanes à Marckolsheim lorsque Télésphore est né. Dans les états civils de la ville de Marckolsheim, il n'y a que très peu de BRISCHNATZ et ils semblent donc, puisqu'ils sont tous contemporains, qu'il s'agit de la même famille. Jean et Marie LEHE (ou LEH) ont eu Johann Georg né en 1801 à Rittershoffen (67), Odile née en 1810 à Strasbourg (67), Madeleine (la mère de Télésphore) née vers 1810 on ne sait pas où, Marie Anne née (et décédée) en 1814 à Marckolsheim. Deux autres femmes, toutes deux ayant eu 2 enfants de père inconnu, semblent, aux vues des dates, être les filles de Jean et Marie. Jean est né vers 1758 à C...