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L’abbaye d’Ebersmunster


 





🏛️ L’abbaye d’Ebersmunster : avant et après la renaissance baroque

Au cœur du Ried alsacien, l’abbaye bénédictine d’Ebersmunster domine les terres humides depuis plus d’un millénaire. Mais l’imposant édifice baroque que nous admirons aujourd’hui ne reflète qu’une partie de son histoire. Avant les fresques flamboyantes et les orgues Silbermann, il y eut les pierres romanes, les ravages de la guerre, et la ténacité des moines à reconstruire leur maison de Dieu.


Des origines anciennes : du haut Moyen Âge à la guerre de Trente Ans

Selon la tradition, l’abbaye d’Ebersmunster fut fondée vers 667 par saint Déodat, évêque de Nevers. Il aurait installé une communauté religieuse dédiée à saint Maurice, dans une région encore marécageuse.

Au fil des siècles, l’abbaye devint une institution spirituelle et seigneuriale puissante, rattachée à la congrégation bénédictine de Suisse (de Saint-Gall), disposant de terres, de serfs et de revenus dans tout le Ried. Son architecture, à l’origine romane, fut remaniée à plusieurs reprises.

Mais en 1632, pendant la guerre de Trente Ans, l’abbaye est incendiée par les troupes suédoises. L’église est partiellement détruite, les bâtiments conventuels pillés. Ce drame marque un tournant : les moines survivants, réfugiés à Andlau, ne reviennent qu’après 1648.


🛠️ Le temps de la reconstruction (1670–1727)

Sous l’abbatiat de Dom Bernard Roethlin (1669–1702), l’abbaye entame un vaste programme de reconstruction. C’est d’abord le chœur et la tour de croisée qui sont rebâtis entre 1675 et 1683. Ces parties conservent encore aujourd’hui des traits plus sobres, antérieurs au baroque flamboyant.

Puis vient l’ambition d’un édifice grandiose, digne des réformes tridentines et du renouveau catholique. C’est Dom Placid Reudlen, abbé entre 1703 et 1731, qui donne une nouvelle impulsion. Il fait appel à l’architecte autrichien Peter Thumb, élève de l’école baroque du Vorarlberg, pour construire une église entièrement nouvelle.

Les travaux débutent en 1709. La nef et la façade sont achevées en 1727, dans un style baroque autrichien éclatant, rare en France. L’intérieur est décoré de fresques somptueuses par les Tyroliens Joseph Mattes et Joseph Mages. Le mobilier, les stucs, les autels sont réalisés par des artisans venus du Saint-Empire.

Entre 1730 et 1732, Andreas Silbermann y installe un orgue magistral, l’un des plus beaux instruments baroques d’Alsace.


🎨 Un symbole du renouveau catholique

L’église abbatiale devient un manifeste du catholicisme triomphant après les guerres de religion. Son style tranche avec les architectures locales : voûtes peintes, tours à bulbe, chaire baroque, tout évoque l’influence autrichienne, alors très présente en Alsace.

Ce bâtiment n’est pas qu’un monument religieux : c’est aussi un signal politique et culturel. Il témoigne de la volonté des bénédictins de se projeter dans l’avenir, de restaurer leur autorité, et de renouer avec la splendeur passée.


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