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Articles

Affichage des articles du septembre, 2025

Rose Marie (Rosine) NALIN (1839 – après 1899)

 ✨ Printemps 1861. À 22 ans, Rosine quitte son village de Dauphin. Ses frères labourent toujours la terre, mais elle a choisi l’aiguille : tailleuse , elle rêve d’une vie citadine. Elle descend seule à Marseille, cité de navires et de promesses, où son destin bascule. Elle y rencontre Jacques Combes , maître ferblantier. Pour lui aussi, tout est à recommencer : son premier mariage à Castres s’est terminé en tragédie, sa femme emportée en couches, ne laissant qu’un nourrisson. Rosine accepte ce fils comme le sien et, ensemble, ils tournent la page. Bientôt, c’est l’Algérie qui les appelle. Marseille est la porte de ce monde nouveau. Une sœur de Jacques y vit déjà : les ont-ils suivie, ou l’ont-ils retrouvée ? On ne sait. Mais dès 1862, à Alger, Rosine met au monde son premier fils, Louis Napoléon . La Méditerranée a redessiné leur horizon. Les années passent, entre rires et larmes. Trois enfants naissent, mais Jacques meurt jeune, en 1873. Rosine, veuve à 34 ans, ne cède pas. El...

Entre Murla et Alger : l’exil des Aguilar (1846)

Dans la vallée ensoleillée de la Marina Alta, non loin des oliveraies et des vignes, la famille Aguilar Pino – Muñoz Rocher vivait depuis toujours à Murla , un petit village accroché aux collines. José, journalier né en 1789, travaillait la terre comme son père avant lui. Sa femme, Josefa, éleva leurs enfants dans la modestie mais aussi dans l’espoir d’un avenir meilleur. Au fil des ans, la maison s’était remplie : Maria Antonia , née en 1823, suivie de José, puis de Joaquina et enfin du benjamin Antonio. Mais la vie dans ces villages d’Alicante était rude. La terre donnait peu, et chaque année, des familles prenaient la mer pour chercher du travail ailleurs. On parlait d’un pays de l’autre côté de la Méditerranée, l’Algérie , conquise par les Français et en quête de bras. Un drame à Orba En 1845, Maria Antonia se maria avec Bartolomé Sont , probablement un jeune du voisinage. Mais quelques mois à peine après leurs noces, le malheur s’abattit : Bartolomé mourut en février 1845 à O...

Les dragonnades (1681)

  Les dragonnades : quand les « missionnaires bottés » s’invitèrent chez les protestants À la fin du XVIIᵉ siècle, le royaume de France est secoué par une politique religieuse brutale. Les protestants, pourtant tolérés depuis l’édit de Nantes (1598), deviennent les cibles d’une répression systématique. C’est dans ce contexte que naît une pratique qui marquera durablement la mémoire des familles huguenotes : les dragonnades . Les origines : vers la révocation de l’édit de Nantes En 1681, Louis XIV, conseillé par Louvois et Bossuet, décide de forcer le retour au catholicisme dans les provinces où la religion réformée est encore vivace, comme le Poitou, le Languedoc ou le Dauphiné. Officiellement, il s’agit de « ramener les âmes égarées à la vraie foi ». Dans les faits, c’est une politique d’intimidation. Les « missionnaires bottés » Le procédé est simple et terrifiant : des compagnies de dragons (soldats de cavalerie) sont logées de force chez les familles protestantes. Ces s...

Généreuse Jacquemin (1809-1881) : une vie de silences et d’ombres

  Elle s’appelait Généreuse Jacquemin . Née en 1809 dans les Vosges, son prénom rare portait déjà une promesse singulière. Mais sa vie, elle, fut faite de ruptures, de veuvage et de silences. Une jeune épouse de soldat À la fin des années 1820, Généreuse rencontre Jean-Joseph Fischer , caporal du 5ᵉ régiment d’infanterie légère, alors en garnison dans les Vosges. Ils se marient en janvier 1829 à Schirmeck. Huit jours plus tard, leur premier fils naît. Deux autres enfants suivront rapidement : un garçon en 1830, une fille en 1832. Mais Jean-Joseph est militaire. Les enfants grandissent avec une mère présente… et un père souvent absent. Le veuvage à 30 ans En 1839, tout bascule. Jean-Joseph meurt à l’hospice militaire de Châtellerault , à 38 ans. Généreuse a alors 30 ans. Trois jeunes enfants, aucun mari pour revenir. Comme beaucoup de femmes de soldats, elle se retrouve seule, pauvre, veuve trop tôt. Une nouvelle naissance En 1841, une petite fille vient pourtant au mon...

Généreuse : un prénom, une époque, une empreinte

  Il arrive parfois que la généalogie nous mette face à un prénom qui détonne. Parmi des Élisabeth, François, Marie Anne ou Victor, surgit tout à coup un nom inhabituel, presque incongru : Généreuse . C’est le cas d’une petite fille née le 27 février 1805 à Belonchamp , dans les vallées de Haute-Saône. Ses parents, originaires des Vosges, n’avaient rien de “révolutionnaires” dans leurs choix habituels. Les frères et sœurs de cette enfant portaient tous des prénoms classiques, solidement ancrés dans la tradition. Alors pourquoi ce prénom singulier, donné une seule fois, à un seul enfant ? Le prénom comme vertu Le mot généreuse vient du latin generosus , qui signifie à l’origine “de noble naissance”, puis “magnanime, plein de bonté”. Dans la France catholique d’Ancien Régime et du XIXᵉ siècle, ce type de prénom dit “vertu” n’est pas inconnu : Constance, Espérance, Prudence, Modeste en sont d’autres exemples. Mais Généreuse reste rare, marginal, presque audacieux. Une sainte Gen...