🚶♂️🚶♀️ Le départ de François et Marie Hélène : deux exils, un foyer
Cohiniac, hiver 1857.
Les collines bretonnes sont battues par la pluie. Jean François HENRY, qu’on appelle ici simplement François, s’apprête à quitter la terre de ses ancêtres. Il a 30 ans. Il n’est ni l’aîné ni le cadet, juste un fils parmi dix, élevé dans une maison où le pain est partagé mais le travail jamais suffisant pour tous.
Personne ne sait exactement quand il décide de partir. Peut-être a-t-il suivi son frère Jean Marie, déjà parti vers la région parisienne. Peut-être l’a-t-il précédé. Ce qu’on sait, c’est qu’en 1857, François est à Soindres, un village des Yvelines, loin de sa Bretagne natale.
Là-bas, il croise le chemin de Marie Hélène BAILLY, elle aussi déracinée. Née près de Chartres, fille d’un cultivateur et d’une mère à la santé fragile, elle a quitté l’Eure-et-Loir pour chercher du travail ou peut-être une stabilité nouvelle.
À Soindres, leurs deux trajectoires se croisent. Deux mondes agricoles, deux terres différentes, un même besoin de recommencement. Ils se marient le 19 mars 1857, et s’installent comme journaliers, modestes, mais résolus.
Ils auront trois enfants. Le frère Jean Marie restera proche, travaillant comme berger, logeant parfois avec eux. Ensemble, ils composent une famille recomposée par l’exil, stable malgré la distance, silencieuse sur ce qu’il a fallu abandonner.
François ne retournera jamais à Cohiniac. Marie Hélène non plus ne reverra les plaines de Chartres. Mais de ce double arrachement naît une lignée nouvelle, enracinée en Île-de-France, faite de courage et d’adaptation.
🌿 Jean Marie, le frère silencieux
Il n’était pas l’aîné, mais presque. Jean Marie HENRY, né en 1819 à Saint-Donan, était le troisième fils survivant d’une fratrie de dix. Il avait grandi dans une maison bien remplie, entre champs à labourer et tables où l’on mangeait à tour de rôle. À Cohiniac, la terre était dure, les opportunités rares. Il fallait faire un choix : rester, ou partir.
On ignore quand Jean Marie a quitté sa Bretagne natale. Ce qu’on sait, c’est qu’en 1861, il est à Soindres, en Île-de-France, domestique, vivant sous le même toit qu’un certain Yves Marie HENRY, et non loin de son frère cadet Jean François, installé là après son mariage.
Puis, on le retrouve à Magnanville en 1872, toujours dans la même région, toujours célibataire. Il ne se mariera jamais. Aucun acte, aucune naissance ne le relie à une descendance.
Quand il meurt à Soindres en 1881, à l’âge de 62 ans, il laisse peu de traces, si ce n’est son nom dans les registres, et le souvenir discret d’un frère fidèle, d’un homme de l’ombre, de ces milliers de Bretons venus en région parisienne pour travailler, sans bruit et sans retour.

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