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Louis DUTZ : un destin façonné par le fer et la rigueur

 

Louis DUTZ avant le mariage : un destin façonné par le fer et la rigueur (1759–1795)





Né vers 1759 dans la ville garnison de Pirmasens, alors sous domination du landgrave de Hesse-Darmstadt, Louis DUTZ grandit dans une atmosphère entièrement tournée vers la rigueur militaire. Son père, Nicolas DUTZ, et sa mère, Catherine ROHN, lui donnent un cadre sobre, ancré dans la tradition protestante allemande.

À l’adolescence, comme tant d’autres jeunes garçons de Pirmasens, Louis intègre les structures de formation militaire princières. Il y apprend l’art du maniement d’armes longues, la soumission au salut, la discipline silencieuse et la rigueur dans chaque geste. Il vit dans un monde où la propreté de l’uniforme et la perfection du pas cadencé sont aussi importantes que l’obéissance aux ordres.

Louis n’est pas uniquement soldat : il est aussi drapier, un métier utile à la garnison. Il connaît les tissus, les coupes des manteaux militaires, et fabrique peut-être les uniformes qu’il porte.

En 1794 ou 1795, dans le contexte du bouleversement révolutionnaire, Louis quitte les structures militaires princières et s’engage dans la 177e demi-brigade de ligne de la République française.

Le 28 mai 1795, à Biesheim (Haut-Rhin), il épouse Madeleine WEISS, fille de Joseph WISS et Anne Marie WEYMANN. Mais peu après le mariage, Louis est envoyé au front. Il disparaît alors sans laisser de trace.

En 1796, leur fille Thérèse DUTZ naît à Biesheim. En 1828, lors du mariage de Thérèse, un acte du juge de paix de Neuf-Brisach déclare officiellement la disparition de Louis, sans nouvelles depuis plus de trente ans.

Ce qu’il reste de lui :

  • Un nom sur un acte de mariage.
  • Une fille née sans père connu.
  • Et peut-être, quelque part entre Kehl et Ulm, un soldat tombé, jamais retrouvé.

La 177e demi-brigade de ligne : l’unité dans laquelle servit Louis DUTZ

À la fin du XVIIIe siècle, la France révolutionnaire réorganise en profondeur ses armées. Les anciens régiments royaux et les bataillons de volontaires sont fusionnés pour former des « demi-brigades », symboles de la nouvelle République. C’est dans ce contexte qu’apparaît la 177e demi-brigade de ligne, à laquelle appartiendra Louis DUTZ en 1795.

Origine et composition

La 177e demi-brigade est créée autour de 1794, dans le cadre de la réorganisation militaire imposée par la Convention. Elle est constituée de trois bataillons, formés à partir d’unités préexistantes. Comme toutes les demi-brigades, elle mêle soldats de métier et volontaires enrôlés pendant la Révolution.

Zone d’opération

Dès sa création, la 177e demi-brigade est affectée à l’Armée du Rhin, participant aux grandes campagnes révolutionnaires contre les monarchies européennes. Elle opère notamment en :

  • 1794–1795 : Alsace et Palatinat, sur la rive gauche du Rhin
  • 1796 : Campagne de Bavière avec l’Armée de Rhin-et-Moselle, sous le général Moreau. Elle traverse le Rhin à Kehl, combat en Forêt-Noire, progresse jusqu’en Souabe et se replie à l’automne.

Conditions de service

Les conditions de vie sont rudes. Les soldats marchent sur des centaines de kilomètres, souvent mal équipés, exposés à la faim, aux maladies et aux tirs ennemis. Les archives montrent que beaucoup de soldats disparaissent sans laisser de trace — tués, faits prisonniers, ou morts de maladie dans des zones où aucun enregistrement n’est effectué.

Les disparitions non déclarées

Dans ce contexte, il est fréquent que des soldats, comme Louis DUTZ, ne donnent plus jamais de nouvelles. Les familles restent sans réponse, parfois pendant des décennies. Ce n’est qu’en 1828, soit 33 ans après sa disparition, qu’un jugement officiel du juge de paix de Neuf-Brisach déclare la disparition de Louis.

Le destin des soldats de la Révolution

La 177e demi-brigade est dissoute ou fusionnée vers 1797, lors d’une nouvelle restructuration de l’armée. Comme beaucoup d’unités révolutionnaires, elle a été le théâtre de luttes intenses, de sacrifices silencieux, et de disparitions anonymes. Son histoire incarne à elle seule le destin de milliers de soldats ordinaires, comme Louis DUTZ, emportés par la tourmente révolutionnaire.

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