De la Silésie à Colmar, l’exil d’un maréchal-ferrant
🌍 Naissance dans une terre disputée
Joseph Geoffroy Liebert voit le jour le 2 août 1740 à Bettlern, un petit village du duché de Silésie, alors territoire des Habsbourg. Aujourd’hui, Bettlern est devenu Bielany Wrocławskie, en Pologne.
Son père, Paul Liebert, est jardinier et bourgeois local. Sa mère, Eve Sommerin, meurt alors qu’il est encore jeune. Joseph grandit dans une région prospère mais instable : dès 1742, la Silésie est annexée par la Prusse. Les réformes, l’oppression militaire et les impôts pèsent lourdement. Beaucoup quittent la région. Joseph est de ceux-là.
👣 Un départ sans retour
On ignore la date exacte de son départ, mais Joseph quitte sa terre natale, sans doute à pied, avec son savoir-faire de maréchal-ferrant comme unique richesse.
Des documents suggèrent un passage par Strasbourg, puis il s’établit à Colmar, ville d’accueil pour de nombreux artisans venus de l’est. Il y travaille, forge son avenir... et sa place dans la société.
🔨 Le maréchal-ferrant devenu bourgeois
À Colmar, Joseph exerce le métier exigeant de maréchal-ferrant : il ferre les chevaux, entretient les outils, forge les pièces nécessaires à la vie rurale. Son atelier résonne du bruit de l’enclume et du feu.
Peu à peu, il acquiert le droit de bourgeoisie à Colmar. Ce statut n’est pas anodin : il faut le mériter, être intégré, reconnu, avoir prouvé sa stabilité et sa moralité. Joseph devient citoyen à part entière.
💍 Une famille bien réelle
Le 4 février 1779, Joseph épouse Thérèse Holtz, fille d’un vigneron colmarien. Il a 38 ans. L’acte de mariage est formel :
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Les bans sont publiés à Colmar et Strasbourg
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Son père est toujours mentionné comme bourgeois à Bettlern
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Sa mère est notée décédée
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Joseph signe l’acte, preuve d’une bonne instruction
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Thérèse, elle, ne sait pas signer
Contrairement à ce que l’on a longtemps cru, le couple a eu six enfants. Certains se sont installés en Alsace, d’autres sont restés discrets dans les registres. Mais la lignée a continué.
Les bans sont publiés à Colmar et Strasbourg
Son père est toujours mentionné comme bourgeois à Bettlern
Sa mère est notée décédée
Joseph signe l’acte, preuve d’une bonne instruction
Thérèse, elle, ne sait pas signer
⚰️ Une fin paisible à Colmar
Joseph meurt à Colmar, le 3 janvier 1823, à l’âge de 82 ans. C’est un âge remarquable pour l’époque. Il laisse derrière lui une veuve, plusieurs enfants, et le souvenir d’un homme venu de loin, qui a su se reconstruire.
🧱 Il venait d’ailleurs. Il est resté ici.
Joseph Liebert n’a pas changé l’histoire. Mais il a changé de vie. Il a laissé son nom sur des actes, des pierres, peut-être des outils.
Et dans chaque document retrouvé, on entend encore le son du marteau.
Le fer chaud. L’enclume. La ténacité d’un homme libre.
Et dans chaque document retrouvé, on entend encore le son du marteau.
Le fer chaud. L’enclume. La ténacité d’un homme libre.
Pourquoi il a quitté Bettlern (Silésie)
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En 1742, la Prusse a conquis la Silésie lors de la première guerre de Silésie, entraînant une annexion, une pression administrative renforcée, des impôts élevés et un climat souvent instable
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Le poids des taxes, la présence militaire et les tensions post-guerre ont poussé nombres d'artisans qualifiés — comme des maréchaux-ferrants — à émigrer vers des régions plus prospères ou plus stables, comme l’Alsace, alors française et économiquement dynamique.
Qu’est-ce qui a poussé Joseph à choisir Colmar ?
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Colmar, membre de la Décapole, était une ville libre et administrative, dotée d’un artisanat structuré et de corporations solides
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En tant que maréchal-ferrant, Joseph aurait pu être accueilli par les corporations d’artisans, accessibles aux étrangers qualifiés, souvent après apprentissage ou test professionnel.
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Pour se marier en 1779 en tant que « bourgeois et maréchal-ferrant », il aurait dû obtenir le statut de bourgeois, généralement accordé après 5 à 10 ans d'exercice professionnel dans la ville.
Quand et comment a-t-il obtenu la bourgeoisie ?
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L'acquisition du statut de bourgeois à Colmar impliquait :
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Une résidence continue et un travail artisanal.
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Un paiement de droit de bourgeoisie ou versement en nature.
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Une validation par les guildes ou le conseil municipal.
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Étant marié en 1779 avec cette qualité déjà attribuée, il est probable qu'il a obtenu sa bourgeoisie vers 1774–1778, après être arrivé quelques années auparavant.

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